Encore trop d’idées reçues en matière de cancer

Par Recherche du Bien Etre.
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Les idées reçues ont la vie dure… en matière de cancer comme ailleurs ! Pour la plupart des gens, médecins compris, développer un cancer est essentiellement une affaire de génétique et non de mode de vie. Or, c’est exactement l’inverse, ont rappelé plusieurs intervenants au congrès de la société européenne d’oncologie médicale (ESMO) qui se déroule actuellement à Vienne.

Les facteurs de risque de cancer - ESMO

Le mode de vie, et notamment la consommation d'alcool et de tabac, sont des facteurs de risque de cancer trop souvent sous-estimés.

 

Dans une première étude présentée par le Dr Derek Power, oncologue à Cork en Irlande, il apparaît qu’une large proportion de gens surestiment la part de risque attribuable aux gènes et sous-estiment, à l’inverse, le rôle du mode de vie comme le tabagisme, la consommation d’alcool ou encore l’exposition excessive au soleil.

Avec ses collègues, le Dr Power a adressé à 748 personnes – dont 126 professionnels de santé – un questionnaire en 48 items sur leurs connaissances en matière de facteurs de risque de cancer. Les résultats montrent que beaucoup de gens croient, à tort, que les prothèses mammaires, le stress, le port de sous-vêtements serrés, l’usage de téléphones mobiles, les OGM et les aérosols, représentent des facteurs de risque majeurs de cancer. Interrogés sur les moyens de prévention du cancer, 27 % des personnes ont évoqué le régime détox et 64 % les OGM, deux approches qui n’ont jamais fait leurs preuves. De plus, 28 % des gens ne savent pas que la congélation n’altère pas la qualité des fruits et légumes et 41 % ignorent le lien entre viande rouge et cancer. En revanche, la grande majorité (86 %) sait que les produits transformés à base de viande constituent un facteur de risque avéré de cancer et 46 % que le sel pose problème.

Au total, 90 % des gens, dont les professionnels de santé, pensent que la génétique augmente fortement le risque. Plus d’un quart pense que plus de la moitié des cancers sont d’origine génétique. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, 15 % des gens interrogés croient que le risque de cancer lié au mode de vie n’est pas modifiable“, a rapporté le médecin. Cette méconnaissance doit être corrigée dans les campagnes de prévention sanitaire, lesquelles doivent mettre l’accent sur l’alimentation et le mode de vie, qui entrent en jeu dans 90 à 95 % des cancers, estime le Dr Power. En fait, seuls 5 à 8 % des cancers ont un caractère héréditaire.

Une grande proportion d’Européens n’apprécie pas particulièrement l’idée de la responsabilité individuelle dans la prévention du cancer, car cela sous-entend de changer ses habitudes et son mode de vie. Ils préfèrent donc blâmer la génétique ou la société“, a commenté le Pr Hans-Jörg Senn (Suisse), président de la chaire de prévention du cancer de la Société européenne d’oncologie.

Le rôle de l’alcool dans le cancer

Une autre étude, présentée également à l’ESMO, montre que le risque accru de cancer chez les consommateurs modérés d’alcool est en fait dû à… une sous-déclaration de la consommation de boissons alcoolisées par les personnes interrogées !

Si tous les experts s’accordent à dire qu’une consommation excessive d’alcool accroît le risque de cancer, l’impact d’une consommation faible à modérée n’est pas clair. Pour tirer cela au clair, le Dr Arthur Klatsky (États-Unis) et ses collègues ont réalisé une étude de cohorte auprès de 130 000 personnes. L’analyse fait apparaître que le lien apparaissant entre une consommation faible à modérée d’alcool et un risque de cancer est en fait due à un artefact ou à une sous-déclaration de la quantité d’alcool absorbée.

Empêcher l’entrée dans le tabagisme

Autre facteur de risque de cancer bien connu et contre lequel il est possible de lutter : le tabagisme. Pas plus vertueux que leurs patients, les médecins sont nombreux à fumer (41 % en Grèce et 42 % en Espagne). Par conséquent, leur discours de prévention du tabagisme ou d’incitation à l’arrêt du tabac apparaît peu crédible aux yeux de leurs patients. Partant du principe qu’il est aussi difficile pour un médecin que pour un quidam d’en finir avec le tabac, une étude turque menée auprès d’étudiants en médecine a montré qu’il valait donc mieux empêcher les jeunes de fumer avant qu’ils ne commencent.

Pendant 5 ans, l’université d’Ankara a mis en place une série de programmes destinés à prévenir le tabagisme chez ses étudiants. À la fin de l’expérience, le taux de tabagisme a chuté de 11 %, passant même de 35 à 8,8 % chez les étudiants en 6ème année. Pour le Dr Fikri Icli, qui a dirigé le programme, son succès tient principalement au fait qu’il a empêché bon nombre d’étudiants de commencer à fumer, plutôt qu’il n’a permis aux fumeurs d’arrêter. “Accroître la prise de conscience des étudiants en médecine quant aux risques du tabagisme sur la santé, leur rôle de modèle vis-à-vis de leurs patients ainsi que leur rôle potentiel dans les programmes d’aide à l’arrêt du tabac aide probablement à contrecarrer les influences sur la décision de commencer à fumer“, estime le Dr Icli.

Amélie Pelletier

Source
Poor knowledge of risk factors for cancer amongst public & health care professionals” – communication à l’ESMO, 30 septembre 2012 (communiqué de presse).


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